Jeu chorégraphique. Musée des gestes de la vigne

Le Musée des gestes de la vigne est un dispositif de création et de recherche développé depuis 2020 par la Compagnie des corps silencieux.

Il comprend une collection de gestes de travail dans les vignes au printemps, depuis la pousse de la vigne jusqu’à sa maturité. C’est une collection de gestes féminins, car historiquement ces gestes sont réalisés principalement par des femmes, moins rémunérées que les hommes, lorsque ces derniers réalisent le même travail.

D’ailleurs dans l’histoire du vin, les femmes participent également aux vendanges, mais leur implication s’arrête là. Elles sont écartées de la vinification, sous prétexte que leurs menstruations peuvent faire tourner le vin, mais également de la commercialisation car celle-ci implique les êtres de discours, représentés par les dominants. Le vin et ce qui a construit sa renommée à travers le temps c’est une affaire d’hommes blancs, propriétaire de domaines.

Le Musée des gestes de la vigne n’est lié ni au vin, ni à ses terroirs ou noms de domaines. Ce sont les signes mis en avant par le corps dominant qui défend ses intérêts et décide de ce qui est digne d’être conservé. En réalisant cela, ce corps dominant veut nous faire adhérer à cette histoire rendue visible par lui-même pour des objectifs marchands.

Mais l’histoire invisible du vin est lié aux corps qui soignent celui des plantes, et aux plantes elles-mêmes, brutalisées par des traitements chimiques, dont on ne parle pas non plus dans les discours commerciaux si ce n’est pour mieux les fétichiser.

Aujourd’hui, les gestes qui accompagnent la pousse de la vigne au printemps sont accessibles à tous les corps, mais ils sont, en réalité, réalisés par des travailleurs précaires, dont les corps sont tout autant invisibilisés dans l’engrenage managérial et commercial dominant de l’imaginaire du vin.

Le Musée des gestes de la vigne est une tentative de réhabiliter ces corps silencieux, humains (celui des femmes travailleuses) et des plus-qu’humains, ainsi que leurs savoirs. Il convoque le geste de soin (de connexion, d’attention à l’autre).